
Présents sur la scène musicale sénégalaise depuis 1995, les Frères Guissé ont marqué les esprits avec leur style acoustique et engagé.
Dans un entretien accordé à L’AS, Cheikh Guissé revient sur leur parcours, leurs projets, mais aussi sur les dysfonctionnements du secteur musical sénégalais.
L’interlocuteur du journal évoque la singularité de leurs débuts : dix années de concerts sans avoir sorti le moindre album, avant de proposer une trilogie dédiée à la femme – Fama, Siré et Ndèye. Leur dernier projet, Made in Sénégal, compile de nombreuses collaborations artistiques.
Mais l’artiste s’alarme de la dégradation de la qualité musicale, qu’il impute à une digitalisation à outrance : « Tout est devenu numérique, n’importe qui peut chanter. »
Il cite toutefois quelques figures qui, selon lui, préservent l’essence de la musique : Youssou Ndour, Omar Pène, Baobab et Xalam.
Sur le plan institutionnel, il pointe un manque criant de structuration : absence de statut clair pour les artistes, pas de couverture sociale, ni de rémunération pour copie privée, malgré les discours politiques sur l’« industrie culturelle et créative ».
Malgré ces difficultés, les Frères Guissé poursuivent leur chemin. Une tournée européenne est prévue du 12 au 22 juillet prochain, avec notamment une participation au programme Yarakh en Italie. Les recettes seront reversées à un poste de santé à Hann.
Enfin, Cheikh Guissé indique que le trio est aujourd’hui un duo. Alioune, installé au Canada, a pris du recul, laissant Cheikh et Djiby poursuivre l’aventure musicale à deux.