Au Sénégal, le secteur des TP (travaux publics) est un théâtre où se croisent ambitions nationales, capitaux étrangers et contraintes budgétaires. Dans cet environnement, FAMY Sénégal s’est taillé une place singulière : celle d’un opérateur qui ne se contente pas d’exécuter des marchés, mais qui cherche à redessiner les règles du jeu.

Née en 2012 comme filiale africaine du groupe familial français FAMY, l’entreprise a hérité d’un savoir-faire plus que centenaire dans l’exploitation de carrières, le terrassement et l’assainissement. En 2022, un changement capitalistique en a fait une entité indépendante, affranchie de sa maison mère. Pour beaucoup, ce fut un risque ; pour Jeannie Cointre, sa présidente et actionnaire majoritaire, ce fut une opportunité stratégique mais aussi un retour à son Sénégal natal et ses racines.

Un secteur lourd… et mouvant

Le marché sénégalais du TP repose sur deux piliers fragiles : la commande publique et les investissements liés aux ressources naturelles. Ces deux moteurs sont puissants mais cycliques, tributaires de la conjoncture macroéconomique et des arbitrages politiques.

Dans ce contexte, FAMY Sénégal a choisi de ne pas se limiter à un seul segment. Ses réalisations vont du Train Express Régional aux carrières de basalte de Diack et de phosphate de Ndendory, jusqu’aux sites miniers de Niamaya et Saraya. Ce maillage diversifié amortit les chocs sectoriels et lisse les risques, tout en offrant des synergies logistiques et opérationnelles.

Le facteur humain et les valeurs du sport

Si le capital technique reste un prérequis, c’est le capital humain qui façonne la trajectoire de l’entreprise. Jeannie Cointre, ancienne basketteuse professionnelle a entrainé dans cette aventure son associé de la première heure, l’ancien capitaine des lions de basket de la Teranga : Maleye N’doye. C’est une vision du leadership et du management tournée vers l’humain et héritée du sport de haut niveau que les deux gérants partagent au quotidien avec leurs équipes. Nul besoin de rappeller que pendant trois années consécutives, Jeannie Cointre a été lauréate du prestigieux classement Choiseul qui reconnait l’expérience et l’expertise de 100 jeunes entrepreneurs de moins de 40 ans amenés à jouer un rôle important pour le développement du continent africain. Avec plus de 15 ans d’expérience dans la finance et la gestion d’entreprise, Jeannie Cointre a su transposer à son entreprise les recettes du sport de haut niveau : discipline, préparation, travail acharné, esprit d’équipe et résilience. Sous sa direction, FAMY Sénégal prône aussi le contenu local et l’inclusion des femmes dans un secteur encore très masculin.

De Dakar à Genève

La signature en 2024 d’un partenariat avec la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) symbolise cette ambition de s’inscrire dans les chaînes de valeur globales. L’objectif : mobiliser la diaspora et s’inscrire dans la vision « Sénégal 2050 », attirer des capitaux et inciter les sénégalais de l’extérieur à revenir investir dans leur pays afin d’avoir un impact économique, social et sociétal mesurable. La cheffe d’entreprise est convaincue que la diaspora africaine est une force vive et doit être un moteur : source de compétences et de savoir-faire, elle doit jouer un rôle crucial dans le développement du Sénégal à travers sa capacité d’investissement, ses transferts de fonds et son retour au pays d’origine pour entreprendre.

Un futur taillé dans la roche

Pour ses détracteurs, le BTP sénégalais reste trop dépendant des grands chantiers financés par l’État ou les bailleurs internationaux. Pour Jeannie Cointre, c’est précisément là que réside le champ de manœuvre : diversifier les sources de revenus, miser sur la maintenance des infrastructures existantes, et exporter le savoir-faire acquis vers les pays voisins. La dirigeante ne prétend pas transformer seule le paysage du BTP. Mais, à l’instar de ses blocs de basalte, elle entend y laisser une empreinte durable.

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