Àl’aube du SIM Sénégal 2025, Monsieur Ousmane MBAYE, Président de la Chambre des Mines du Sénégal (CMDS) appelle à une transformation profonde du secteur minier africain : passer d’un modèle purement extractif à une économie créatrice de valeur ajoutée locale. Former, innover et structurer les écosystèmes industriels, telles sont les clés d’une industrialisation portée par les Africains, pour l’Afrique.

La CMDS réaffirme sa volonté de défendre les intérêts du secteur minier et de promouvoir les bonnes pratiques. Comment cette mission se traduit-elle concrètement pour accompagner le développement durable de l’industrie au Sénégal ?

La Chambre des Mines du Sénégal réaffirme avec force sa volonté de défendre les intérêts du secteur minier tout en étant un acteur engagé dans la promotion des bonnes pratiques. Mais au-delà des déclarations d’intention, cette mission se traduit par des actions concrètes, structurées autour d’un objectif central : accompagner un développement durable, inclusif et responsable de l’industrie minière au Sénégal.

Concrètement, cela commence par le dialogue. La Chambre joue un rôle clé de plateforme entre les acteurs publics, les entreprises minières, les communautés locales et la société civile. Elle œuvre à créer un climat de confiance, indispensable pour un secteur aussi stratégique que le nôtre.

Ensuite, la Chambre promeut activement l’adoption de normes environnementales et sociales strictes en plus des autres normes, standards internationaux et Principes appliqués par les sociétés minières notamment les ODD des Nations Unies. Elle accompagne les entreprises dans la mise en œuvre de pratiques responsables, telles que la gestion durable des ressources, la réduction de l’empreinte écologique des opérations, et la réhabilitation des sites après exploitation. C’est notre manière de faire rimer industrie minière avec protection de l’environnement.

Sur le plan économique et social, nous soutenons le contenu local. Cela signifie favoriser l’emploi des Sénégalais, encourager la sous-traitance locale, et renforcer les capacités des PME nationales. La Chambre travaille aussi à garantir que les retombées de l’activité minière bénéficient durablement aux populations locales, notamment à travers le Fonds de Développement Local.

Enfin, nous investissons dans la transparence. En tant que partenaire de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), nous militons pour une gouvernance claire, des contrats accessibles, et une meilleure répartition des revenus issus du secteur.

En résumé, défendre les intérêts du secteur, ce n’est pas seulement veiller à sa compétitivité, c’est aussi s’assurer qu’il soit responsable, équitable et porteur de valeur pour tous les Sénégalais. C’est cela, notre vision du développement durable.

Vous interviendrez lors de la session consacrée au développement des chaînes de valeur. Selon vous, quels sont les principaux leviers pour faire du contenu local un pilier stratégique de l’industrialisation du continent ?

L’Afrique se tient aujourd’hui à un carrefour stratégique. Avec ses ressources abondantes, sa jeunesse dynamique et une demande intérieure en forte croissance, le continent a toutes les cartes en main pour passer d’un modèle extractif à un véritable modèle productif. Au cœur de cette transformation, un concept clé émerge : le contenu local.

Mais que signifie réellement faire du contenu local un pilier stratégique de l’industrialisation africaine ? Cela revient à intégrer plus de valeur ajoutée localement, à favoriser les compétences et les ressources africaines dans toutes les étapes de la chaîne de valeur – de la production à la transformation, de la logistique à la commercialisation.

Trois leviers principaux sont à actionner pour y parvenir :

1. Le développement des compétences et de l’innovation locale.

On ne crée pas de contenu local sans capital humain qualifié. Il est impératif d’investir massivement dans l’éducation technique, la formation professionnelle et la recherche appliquée. Former des ingénieurs, des techniciens, des entrepreneurs, c’est assurer une industrialisation portée par des Africains, pour l’Afrique.

2. La structuration des écosystèmes industriels locaux.

Cela implique de créer des synergies entre les PME locales, les multinationales, les centres de recherche et les institutions. À travers les zones économiques spéciales, les incitations fiscales ciblées, ou encore les partenariats public-privé, les États doivent jouer un rôle de catalyseur pour faire émerger des pôles industriels régionaux capables de répondre aux besoins du marché continental et mondial.

3. L’adaptation des politiques publiques et la protection stratégique des filières.

Les politiques industrielles doivent clairement cibler la montée en gamme des chaînes de valeur. Cela peut passer par des quotas de contenu local dans les marchés publics, des incitations à l’achat local, ou des barrières temporaires à l’importation de produits transformés, le temps de faire émerger des champions locaux

En conclusion, le contenu local ne doit plus être vu comme une exigence administrative, mais comme une opportunité stratégique. Il est temps de valoriser le « produit en Afrique » autant que le « produit pour l’Afrique ». Car c’est en produisant davantage localement, avec des ressources locales et pour des marchés africains, que l’Afrique pourra véritablement prendre en main son destin économique.

Plusieurs chambres de Mines de pays seront présentes au SIM Sénégal 2025. En quoi cette rencontre régionale est-elle essentielle ?

Cette année, la présence de plusieurs Chambres de Mines venues de différents pays donne à cet événement une dimension particulièrement stratégique et régionale. Et cela n’est pas un hasard.

Pourquoi cette rencontre régionale est-elle essentielle ?

D’abord, parce que les défis que nous partageons sont communs : la transition énergétique, l’exploitation responsable des ressources, le développement local, ou encore la lutte contre l’exploitation illégale. Aucun pays ne peut y répondre seul. En réunissant nos Chambres de Mines, nous créons des cadres d’échanges d’expérience, de dialogue et de coopération, capable de proposer des solutions concertées, adaptées aux réalités africaines.

Ensuite, cette rencontre est un levier de synergie économique. En connectant les écosystèmes miniers des pays de la région, nous favorisons les partenariats transfrontaliers, l’harmonisation des politiques minières, et l’émergence de chaînes de valeur régionales. Cela permet non seulement de mieux valoriser nos ressources, mais aussi de renforcer notre souveraineté sur nos richesses naturelles. Renforçons ces valeurs à travers nos organismes régionaux et sous régionaux.

Enfin, ce salon est une vitrine de l’Afrique minière. Il envoie un message clair : celui d’une Afrique qui collabore, qui invente ensemble, et qui s’organise pour que l’exploitation minière devienne un véritable moteur de développement durable, au service des populations.

Alors, faisons de cette rencontre non pas seulement un moment d’échange, mais un point de départ pour une coopération minière régionale renforcée, ambitieuse, et résolument tournée vers l’avenir

En tant que sponsor associé du SIM Sénégal, quelles sont vos attentes vis-à-vis de cet événement et quel message souhaitez-vous adresser aux différents acteurs (pouvoirs publics, investisseurs, communautés) présents ?

C’est un honneur pour nous d’être ici aujourd’hui en tant que sponsor associé du SIM Sénégal, un rendez-vous incontournable pour le développement du secteur minier en Afrique de l’Ouest.

Notre engagement dans cet événement témoigne de notre confiance dans le potentiel du Sénégal, mais aussi de notre volonté d’être un acteur responsable, engagé et durable dans la transformation de l’économie minière.

Nous voyons dans le SIM une plateforme stratégique de dialogue et de collaboration. Nos attentes sont claires :
– Renforcer les synergies entre les acteurs publics et privés,
– Favoriser un environnement d’investissement transparent et prévisible,
– Et surtout, promouvoir une exploitation minière inclusive, qui bénéficie non seulement aux investisseurs, mais aussi aux communautés locales.

À l’attention des pouvoirs publics, nous saluons les efforts engagés pour moderniser le cadre légal et institutionnel du secteur. Nous encourageons la poursuite de réformes qui permettent de concilier attractivité économique, protection de l’environnement et justice sociale.

Aux investisseurs, nous disons : le Sénégal est une terre d’opportunités. Mais l’investissement doit être responsable, ancré dans une vision à long terme, et respectueux des standards internationaux en matière de gouvernance, de sécurité et de droits humains.

Enfin, à nos partenaires des communautés locales, nous voulons redire notre engagement : sans vous, aucun projet minier ne peut réussir durablement. Votre inclusion, votre bien-être et votre développement sont des priorités. Le dialogue permanent, la formation, l’emploi local et l’appui aux initiatives communautaires sont au cœur de notre approche.

En conclusion, nous espérons que ce forum soit non seulement un lieu de rencontre, mais aussi un catalyseur d’actions concrètes pour un secteur minier plus équitable, plus responsable et porteur d’avenir pour tous.

Interviewé réalisée par Patricia Mercier, Consultant Senior Marketing -AME Trade Ltd.

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