À la tête de la Basketball Africa League (BAL) depuis janvier 2020, Amadou Gallo Fall incarne une vision rare : faire du sport un levier de transformation économique, d’inclusion sociale et de rayonnement culturel pour l’Afrique. Son parcours, de Thiès à Dallas puis Johannesburg et Dakar, dessine une trajectoire cohérente, patiente, guidée par une certitude : quand on investit dans la jeunesse et l’excellence, on change la donne durablement.

Né et grandi au Sénégal, formé en biologie à la University of the District of Columbia entre 1989 et 1993, il découvre très tôt que le basket peut être beaucoup plus qu’un jeu. En février 1998, il fonde le SEED Project, une initiative pionnière qui intègre éducation et sport dans une même ambition. New York et Thiès deviennent alors les deux pôles d’un pont transatlantique : des programmes d’encadrement, un modèle éducatif exigeant, des passerelles structurées avec les universités américaines et des partenaires publics et privés. SEED n’est pas une aventure associative de plus ; c’est une école de leadership où l’on apprend la discipline, le travail en équipe et l’esprit d’impact. Des vocations s’y forgent, des trajectoires s’y dessinent, des communautés s’y renforcent.

Cette grammaire du développement par le sport, Fall l’emporte ensuite dans la NBA. À Dallas, il rejoint les Mavericks en 2001 et y passe huit années déterminantes. D’abord Director of Scouting, puis VP of International Affairs & Director of Player Personnel, il bâtit une expertise de talent-spotter et de stratège. Il structure le scouting, affine l’usage des données pour évaluer le potentiel des joueurs et contribue à l’internationalisation de la marque. Surtout, il comprend de l’intérieur les standards d’une ligue mondiale : rigueur opérationnelle, gouvernance, marketing, culture de la haute performance. Ce passage texan perfectionne un savoir-faire qui lui sera précieux pour la suite : faire dialoguer le jeu, le business et le récit.

En janvier 2010, nouveau chapitre : la NBA lui confie la vice-présidence et la direction de NBA Africa. Basé à Johannesburg, il ouvre le premier bureau du continent, installe une stratégie de croissance année après année et orchestre des événements fondateurs, dont le tout premier NBA Africa Game en 2015. Sponsoring, diffusion, promotion, exécution opérationnelle : Fall pose des jalons qui crédibilisent l’Afrique comme marché, comme scène et comme fabrique de talents. Il sait convaincre les partenaires, rassurer les investisseurs, engager les fans et, surtout, démontrer que l’écosystème existe dès lors qu’on lui donne des règles, des standards et une ambition.

Cette montée en puissance trouve sa consécration quand il devient, en janvier 2020, le président de la Basketball Africa League. Depuis Dakar, il porte un projet inédit : une ligue panafricaine adossée à l’expertise de la NBA et de la FIBA, structurée, professionnelle et tournée vers l’avenir. La BAL n’est pas qu’un calendrier de matchs ; c’est une plateforme économique et médiatique qui relie clubs, villes hôtes, diffuseurs, sponsors, créateurs et publics. C’est aussi un laboratoire d’innovation où l’on parle formation, gouvernance, merchandising, contenu, mais aussi tourisme, événementiel et attractivité urbaine. En quelques saisons, la BAL s’est imposée comme un accélérateur de compétences et de récits, révélant des clubs, des coachs, des arbitres, des storytellers et des entrepreneurs.

Le fil rouge d’Amadou Gallo Fall reste constant : l’éducation comme socle, la performance comme langage, l’impact comme horizon. Avec SEED, il a formé des générations de jeunes qui comprennent que la salle de classe et le parquet se renforcent mutuellement. Avec les Mavericks, il a appris la précision des détails et la science de la décision. Avec NBA Africa puis la BAL, il a démontré que le continent peut créer de la valeur à l’échelle, dans le respect des standards internationaux et avec une identité forte.

Sa méthode tient en quelques principes simples mais exigeants. D’abord, relier les mondes : rapprocher institutions publiques et capital privé, réunir éducateurs et dirigeants d’entreprise, faire dialoguer les villes d’Afrique et les hubs mondiaux. Ensuite, professionnaliser : mettre des process, exiger des résultats, mesurer l’impact et documenter les bonnes pratiques. Enfin, raconter : donner au basket africain un récit qui assume la fierté, célèbre les réussites, inspire la jeunesse et rassure les investisseurs.

Installé aujourd’hui à Dakar, Amadou Gallo Fall sait qu’une ligue se juge à la qualité de son jeu, mais aussi à tout ce qu’elle déclenche autour d’elle : emplois, compétences, contenus, infrastructures, tourisme, fierté nationale et continentale. Son leadership discret, rigoureux et rassembleur a fait de la BAL un symbole de ce que l’Afrique sait accomplir quand elle se dote d’une vision et d’une exécution. En filigrane, la même conviction qu’en 1998 : l’excellence attire l’excellence. Le Sénégal, par son histoire de basket et son écosystème de talents, y tient une place singulière.

Amadou Gallo Fall n’a jamais opposé l’élan du cœur et la discipline du résultat. Il a fait du basket une langue commune entre des jeunes qui rêvent, des villes qui se transforment et des partenaires qui s’engagent. À l’heure où la BAL consolide ses fondations et élargit ses horizons, son parcours raconte une Afrique qui ne quémande pas sa place, mais la construit, patiemment, solidement, fièrement. C’est sans doute sa plus grande victoire : avoir prouvé, par l’exemple, que le sport est une industrie, un écosystème et un ascenseur social. Et que, depuis Dakar, on peut parler au monde avec le ballon orange comme carte de visite.

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