
Chaque année, Senghor refait surface à des dates fixes. Une commémoration empreinte de quelques discours, des citations connues. Puis le silence total. En dehors de l’anniversaire de son décès et de l’étude scolaire de certaines œuvres, Senghor semble s’éloigner de la mémoire collective.
En tout cas, sa présence dans la mémoire des Sénégalais et autres Africains est réduite à des rituels lors des cérémonies officielles.
En milieu scolaire et universitaire, il est commémoré à travers des hommages institutionnels ponctuels. Des rappels qui, ont une valeur symbolique mais restent limités. Ils figent Senghor dans une image patrimoniale, parfois distante, rarement discutée. L’homme devient une référence obligée, non un penseur vivant même si l’enseignement de quelques uns de ses écrits poétiques tels: »Femme noire », « Prière aux masques » ressuscite le poète président, cela ne suffit pour immortaliser un homme à la dimension de Senghor puisqu’il s’agit souvent de simples repérage de figures de style et de
récitations de notions.
Le débat manque autour de son œuvre. Celle-ci n’étant plus questionnée cesse peu à peu d’exister dans l’espace public.
Senghor risque l’oubli non pas par manque d’importance, mais par manque de débat sur son immense œuvre. Tant que son hommage restera cantonné aux anniversaires et aux manuels, il continuera de s’effacer du quotidien intellectuel.
Redonner à Senghor sa place, ce n’est pas le célébrer de façon circonstanciée, c’est le lire autrement, le discuter et pourquoi pas, le contredire.